Pearl Harbor à la bombe sur Hiroshima.Les textes sont des extraits tirés de mes émissions à la Radio Suisse Romande Espace2 et de mes articles au Journal de Genève.)
Le soir du 6
décembre 1941,alors que sur l’île d’Oahu quelques couples dansent encore au rythme de la
jolie Moonlight Serenade de Glenn Miller, une armada de six porte-avions
entourés d’autres bâtiments de guerre, s’approche silencieusement des iles
Hawai. Ce détachement de la Marine Impériale, placé sous le commandement du
vice amiral Nagumo, est parti
de ses bases dans les îles Kouriles dix jours auparavant. Et c’est durant dix jours, tout
le long des 7000 km qui séparent les Iles Japonaises des Iles Hawai qu’il
avance sans être découvert, protégé par le brouillard et un silence radio
complet… Vers six heures du matin la flotte japonaise s’immobilise à 22o miles
d’Oahu.
La base de Pearl
Harbor dort d’un sommeil paisible… C’est un dimanche matin comme les autres…Plus
tard, les américains répéteront inlassablement et avec beaucoup
d’amertume : » A L’AUBE NOUS DORMIONS… » (At dawn we slept..*.)
Pendant que Pearl
Harbor sommeille, les moteurs des bombardiers japonais se mettent à tourner. 350
avions s’envolent vers Oahu en deux vagues successives.La première vague atteint Pearl
Harbor à 7 heures 50 et en quelques
minutes c’est l’enfer. Toute la base navale brûle..
L’Arizona, une des fiertés de la Flotte du Pacifique, est atteint de plein fouet par les
bombes- torpilles et sera perdu à
jamais. L’Oklahoma, le West Virginia et
le California coulent, le Maryland, le Tennessee, le Nevada et le Pennsylvania
sont couverts d’une épaisse
fumée et donnent une vision d’Apocalypse. Les bases aériennes de Hickham, Wheeler, Ewa et
Kaneohe sont attaquées elles aussi et près de 2oo avions sont détruits au sol.
Les sirènes
retentissent sur toute l’île. Et la première vague d’attaque aérienne à peine
terminée qu’à 8 heures 40 arrive la deuxième vague meurtrière.
Deux heures plus
tard tout est fini. Les avions japonais , ayant subi des pertes minimes se posent à nouveau
sur les porte-avions d’où ils sont venus. La Flotte Pacifique de l’Amiral Kimmel
n’existe pratiquement plus. Sur l’Île d’Oahu gisent 2500 morts.
L’attaque
japonaise sur Pearl Harbor a soulevé et continue toujours de soulever un flot d’interrogations.
Comment…Comment cela a-t-il pu arriver ?Comment l’Amérique a-t-elle pu se
laisser surprendre ainsi ? Comment une si grande flotte japonaise a-t-elle
pu s’approcher de Hawai sans être découverte ? Comment les avions japonais
ont-ils pu échapper à la surveillance des radars et, une fois détéctés, comment
pouvait-on les confondre avec une
escadrille de bombardiers B-17 rentrant à la base après un vol d’entraînement ?
Comment se fait-il que les avions américains sur les bases aériens d’Oahu
étaient à découvert, hors de leurs hangars, des cibles si faciles pour
l’aviation ennemie ?
Plutôt que de
nous étendre sur des théories, pourtant
à la mode dans certains cercles d’historiens,
selon lesquelles il y avait une conspiration de silence entre le président Roosevelt et son entourage, qui auraient sciemment
permis à l’attaque de se perpétrer pour provoquer
l’entrée des Etats Unis dans la guerre, nous essayerons dégager quelques
unes des causes profondes de ce manque de préparation
américaine en face d’une attaque pas
tout à fait imprévisible. Il faut nous demander quel était l’état d’esprit qui
a rendu possible une telle attaque surprise.
C’est ce que fait
d’ailleurs, avec une honnéteté étonnante, la presse américaine le lendemain du
choc. Tous les éditorialistes se demandent : Pourquoi …Pourquoi cela nous
est arrivé à nous, américains ? Ou`avons-nous fauté ? Qui sommes
nous, que sommes nous en tant que collectivité, en
tant que peuple ?
C’est la
brillante Dorothy Thomson du New York Post qui donne le ton : »Je
vous dirai qui est est
responsable pour l’infamie de Pearl Harbor. C’est nous. Oui, c’est nous
tous….Pour une génération
entière d’Américains l’idée consistait d’obtenir le maximum avec un minimum
d’effort.Pour toute ma génération, le modèle de comportement c’était le
laisser-aller. Oui, je nous accuse. J’accuse l’Amérique. Je m’accuse moi.
«
Qu’est-ce qui
fait donc du matin de 7 décembre un moment-culte dans la conscience collective
américaine, un thème permanent de la littérature et du cinéma, un moment par rapport auquel
chaque américain vivant à cette époque saura se situer des années, des décennies
après ?
C’est que Pearl
Harbor n’est qu’un lieu symbole.
Fin de la premère partie. Prochain article de la série Pearl Harbor: la fin de l'isolationnisme.
Elisheva Guggenheim-Mohosh.
*At Dawn we slept: titre empreunté à Gordon W. Prange.
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