lundi 24 décembre 2012

Guerre du Vietnam:l'Offensive du Têt, prélude à un gâchis.Première partie.


Khesanh, petite base américaine près du 17-ème parallèle –la frontière séparant les deux Vietnam- étaient située au milieu de collines qui rappelaient la Toscane. Rien ne la destinait à la célébrité, même lorsqu’elle fut attaquée au début de 1968 par quatre divisions d’infanterie nord-vietnamiennes. L’intervention américaine au Vietnam était alors à sa quatrième année, les grandes attaques frontales contre les bases américaines à leur quatrième mois.

 Pourquoi Khesanh est-elle devenue l’abcès de fixation du commandement américain au point de divertir son attention de toute autre opération ? Pourquoi, malgré le déluge de bombes que déversaient les B-52 et le nombre relativement limité des pertes américaines ces derniers se sont-ils comparés à la malheureuse garnison française massacrée en 1954 ? Nul ne le sait. Toujours est-il qu’un modèle réduit du plateau de Khesahn fut construit dans les sous-sols de la Maison Blanche. Le président Johnson, inquiet, tournait autour de ce modèle, la nuit, en robe de chambre, déclarant à ses généraux : « Je ne veux pas, entendez vous, je ne veux pas d’un Dien-Bien-Machin » (Selon Stanley Karnow : « I dont want any damn Dinbinphoo.. »Voir notes).

 La bataille autour de Khesanh fait rage depuis dix jours, lorsque dans la nuit du 31 janvier 1968 les forces communistes lancent leur offensive dite « du Têt ». Une attaque minutieusement préparée, superbement coordonnée contre toutes les grandes et moyennes agglomérations urbaines. Le Vietcong, aidé des forces nord-vietnmiennes frappe de Hué et Danang au nord à Saigon au Sud, en passant par Pleiku et Dalat avec la même férocité, la même audace, souvent suicidaire !

 Des hauts plateaux jusqu’au bord de la mer, du Delta du Mékong jusqu’à la frontière laotienne, les villes vietnamiennes brûlent .Les américains, pris par surprise, dépêchent leurs forces dans les jungles et les rizières vers les villes. Certaines seront reprises en quelques jours. D’autres, comme la ville de My Tho , seront « détruites afin d’être sauvées » des communistes…Hué sera doublement martyrisée : d’abord par un règlement de comptes en forme de bain de sang contre les fonctionnaires du régime sud-vietnamien commis par le Vietcong. Ensuite par trois semaines de pilonnement et de bombardement américains. La plus sanglante bataille de la Guerre du Vietnam se termine le 26 février 1968 avec la reprise de la Citadelle de Hué. Et toute l’attention va se tourner à nouveau vers Khesanh. Khesahn, qui résistera victorieusement à 9 semaines de siège pour être très discrètement abandonnée en juin 1968 avec le départ du général Westmoreland du Vietnam….

 
L’Offensive du Têt et le siège de Khesanh : deux victoires américaines qui ont le goût amer de la défaite .Le Têt est considéré aujourd’hui comme un des lus graves échecs des reinseignements américains depuis Pearl Harbor .Mais au delà de l’incapacité de prévoir une attaque d’une telle envergure, cette offensive a mis en évidence une myopie plus globale. Elle a démontré que toute la perception américaine de la guerre était dès 1964 viciée par trois malentendus : la méconnaissance de ses propres motivations (la fameuse question de la Deuxième Guerre mondiale, « Pourquoi nous combattons ? »…),la méconnaissance de l’allié sud-vietnamien et la méconnaissance de l’ennemi !

 
Fin de la première partie. Suite demain.
Ce récit est tiré de mes articles au Journal de Genève et mes émissions à la Radio Suisse Romande Espace2.
 
(Je vous recommande la lecture de « Vietnam, a History » de Staley Karnow, Penguin Books, 1984. A mon avis le meilleur ouvrage écrit sur la guerre du Vietnam. Et visionnez à nouveau Full Metal Jacket de Stanley Kubrick !

 Quant à la citation de la boutade du président Johnson (« I  don’t  want any damn dinbinphoo »)- elle fait, bien sûr, allusion à la bataille de Dien Bien Phu  entre la garnison française et le Viet Minh en 1954),
 
Elisheva Guggenheim-Mohosh

1 commentaire:

  1. on a accusé Johnson, mais c'est sous Kennedy que la
    guerre a commencé.

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