mercredi 26 décembre 2012

Guerre du Vietnam:l'Offensive du Têt, prélude à un gâchis. Troisième partie:la génération hantée...


(voir nos articles du 24 et du 25 décembre 2012)

 
« There is no front-line in Vietnam » (Il n’y a pas de ligne de front au Vietnam…)-dira la Platoon Sergeant Clell Hazard (interprété par l’acteur américain James Caan) dans l’excellent Gardens of Stone (Jardins de pierre, 1987) de Francis Ford Coppola. Pour le sergent-instructeur Hazard, vétéran de la guerre de Corée, la guerre de Vietnam est une mauvaise guerre et les vies des jeunes soldats y sont inutilement gaspillées .Ces très jeunes soldats américains, âgés, en moyenne, de 19 ans, sont ce que l’on appelle des « short-timers ». Il  font  un tour de service au Vietnam d’exactement 395 jours. Contrairement à leurs ennemis communistes, le maquis du Vietcong, mais aussi les soldats de l’armée régulière nord-vietnamienne, qui combattent « jusqu’à la victoire finale », le soldat américain, auquel personne n’a expliqué ce que veut dire « une victoire finale » dans une « guerre limitée », ne sait pas ce qu’il fait exactement au Vietnam… Il sait seulement qu’il rentrera en Amérique, s’ il survit sans mutilation ou sans blessure grave, 394 jours… En attendant, il marche, sans but précis, de jungles en rizières et de rizières en jungles. Il marche, il a peur et il tue.

 Il n’y a pas de « soldats planqués » au Vietnam .Des unités de combat jusqu’au dernier « clerc planqué » dans les bureaux d’une base militaire, tout le personnel américain est soumis à un stress sans relâche. Incapable de reconnaître l’ennemi parmi la population, le soldat américain voit du Vietcong partout. Il a peur à chaque pas et à chaque minute d’une mine, d’un engin piégé, d’une attaque à la roquette. Peur des passants et peur des paysans aux champs, peur des jeunes femmes qui peuvent tirer une grenade des couches de leur bébé, peur des enfants qui peuvent renseigner le Vietcong.

 
S’il tire, il risque de tuer un civil innocent. S’il hésite il risque sa vie et celle des ses camarades. Et il hésitera d’autant moins qu’à la guerre du Vietnam, en absence d’objectif précis, la seule preuve tangible de la « victoire » c’est le nombre des cadavres de l’ennemi. C’est le sinistre « body count », le décompte des tués vietnamiens : unité de mesure totalement pervertie, qui mènera certains soldats vers la folie et vers le meurtre gratuit.  « Shoot first, talk later », diront les soldats teenagers… (tire d’abord, cause ensuite…). Et encore : « If it’s dead, it’s VC », (si c’est crevé c’est que c’était du Vietcong…).

 Si le jeune soldat américain est touché, il devra, grâce au miracle du MEDEVAC (évacuation rapide des blessés par hélicoptère) faire face à des mutilations rarement vues dans les guerres précédentes, parce qu’un triple, quadruple amputé y mourrait avant d’arriver sur la table d’opération.

Rapatrié sans transition des riziers vietnamiens vers les gratte-ciel américains, réimplanté dans une société au mieux indifférente, au pire hostile, il devra y faire face à des préjugés, des injures, se faire appeler « baby –killer » (tueur de gosses), il sombrera très souvent dans ce qu’on a commencé, très vite, appeler « le syndrome du vétéran du Vietnam » : le fameux D-PTSD (Delayed Post Traumatic Disorder) : choc post- traumatique , accompagné d’une totale perte de repères et, surtout, de «  perte de signification » (« loss of meaning »)… D’où le taux très élevé de divorces et de suicides parmi les vétérans de cette guerre que l’Amérique finira par perdre.

 

Fin de la troisième partie. Suite demain : My Lai et après, "stoned murder"...

Je vous recommande de revoir deux films de Francis Ford Coppola : le très-très fameux « Apocalypse Now » ,1979 et surtout le très sous-estimé et néanmoins magnifique « Gardens of Stone » (Jardins de pierre, 1987). Deux films d’Oliver Stone : «  Platoon »,  1986, et « Born On a Fourth of July”1989, (Né un quatre juillet, où, pour une fois, Tom Cruise joue vraiment très bien!)

 

Elisheva Guggenheim-Mohosh

2 commentaires:

  1. j'aime beaucoup ce film. J'aime beaucoup James Caan
    et Francis F. Coppola.

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  2. Je prèfére ce film à Apocalypse Now!!

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