(voir nos articles du 24 et du 25 décembre 2012)
« There is no front-line in Vietnam » (Il n’y a
pas de ligne de front au Vietnam…)-dira la Platoon Sergeant Clell Hazard
(interprété par l’acteur américain James Caan) dans l’excellent Gardens of Stone
(Jardins de pierre, 1987) de Francis Ford Coppola. Pour le sergent-instructeur
Hazard, vétéran de la guerre de Corée, la guerre de Vietnam est une mauvaise guerre
et les vies des jeunes soldats y sont inutilement gaspillées .Ces très jeunes
soldats américains, âgés, en moyenne, de 19 ans, sont ce que l’on appelle des
« short-timers ». Il
font
un tour de service au Vietnam d’exactement
395 jours. Contrairement à leurs ennemis communistes, le maquis du Vietcong,
mais aussi les soldats de l’armée régulière nord-vietnamienne, qui combattent
« jusqu’à la victoire finale », le soldat américain, auquel personne
n’a expliqué ce que veut dire « une victoire finale » dans une
« guerre limitée », ne sait pas ce qu’il fait exactement au Vietnam…
Il sait seulement qu’il rentrera en Amérique, s’ il survit sans mutilation ou sans blessure grave, 394
jours… En attendant, il marche, sans but précis, de jungles en rizières et de
rizières en jungles. Il marche, il a peur et il tue.
Il n’y a pas de « soldats planqués » au Vietnam
.Des unités de combat jusqu’au dernier « clerc planqué » dans
les bureaux d’une base militaire, tout le personnel américain est soumis à un
stress sans relâche. Incapable de reconnaître l’ennemi parmi la population, le
soldat américain voit du Vietcong partout. Il a peur à chaque pas et à chaque
minute d’une mine, d’un engin piégé, d’une attaque à la roquette. Peur des
passants et peur des paysans aux champs, peur des jeunes femmes qui peuvent
tirer une grenade des couches de leur bébé, peur des enfants qui peuvent
renseigner le Vietcong.
S’il tire, il risque de tuer un civil innocent. S’il hésite
il risque sa vie et celle des ses camarades. Et il hésitera d’autant moins qu’à
la guerre du Vietnam, en absence d’objectif précis, la seule preuve tangible de
la « victoire » c’est le nombre des cadavres de l’ennemi. C’est le sinistre « body count », le décompte des
tués vietnamiens : unité de mesure totalement pervertie, qui mènera
certains soldats vers la folie et vers le meurtre gratuit. « Shoot first, talk later », diront
les soldats teenagers… (tire d’abord, cause ensuite…). Et encore :
« If it’s dead, it’s VC », (si c’est crevé c’est que c’était du Vietcong…).
Si le jeune soldat américain est touché, il devra, grâce au
miracle du MEDEVAC (évacuation rapide des blessés par hélicoptère) faire face à
des mutilations rarement vues dans les guerres précédentes, parce qu’un triple,
quadruple amputé y mourrait avant d’arriver sur la table d’opération.
Rapatrié sans transition des riziers vietnamiens vers les
gratte-ciel américains, réimplanté dans une société au mieux indifférente, au
pire hostile, il devra y faire face à des préjugés, des injures, se faire
appeler « baby –killer » (tueur de gosses), il sombrera très souvent
dans ce qu’on a commencé, très vite, appeler « le syndrome du vétéran du
Vietnam » : le fameux D-PTSD (Delayed Post Traumatic Disorder) :
choc post- traumatique , accompagné d’une totale perte de repères et, surtout,
de « perte de signification » (« loss of meaning »)…
D’où le taux très élevé de divorces et de suicides parmi les vétérans de cette
guerre que l’Amérique finira par perdre.
Fin de la troisième partie. Suite demain : My Lai et
après, "stoned murder"...
Je vous recommande de revoir deux films de Francis Ford
Coppola : le très-très fameux « Apocalypse Now » ,1979 et surtout le
très sous-estimé et néanmoins magnifique « Gardens of Stone »
(Jardins de pierre, 1987). Deux films d’Oliver Stone : «
Platoon », 1986, et « Born On a Fourth of July”1989, (Né un quatre juillet, où,
pour une fois, Tom Cruise joue vraiment très bien!)
Elisheva Guggenheim-Mohosh
j'aime beaucoup ce film. J'aime beaucoup James Caan
RépondreSupprimeret Francis F. Coppola.
Je prèfére ce film à Apocalypse Now!!
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