samedi 21 juin 2014

La guerre de Corée, deuxième partie: une simple opération de police?






Au début de l’année 1950, la philosophie politico-militaire des Etats-Unis a été résumée dans un document qui est resté dans l’Histoire comme « NSC-68 ».Le ton de ce document est très pessimiste, à la fois en ce qui concerne les intentions du bloc soviétique et la capacité de se défendre  « du monde libre »…NSC-68 donne une image irrémédiablement nocive et destructive du communisme, l’image d’une agressivité sans fin , une agressivité à laquelle les Etats- Unis  ne sont pas en mesure de répondre.NSC-68 recommande 50 milliards de $ pour remédier à cette faiblesse.

En effet, en 1950, les Etats –Unis sont très affaiblis sur le plan militaire. Le nombre des soldats est plus petit qu’il n’était au moment de l’attaque surprises sur Pearl Harbor. La frénésie de démobilisation à la fin de la guerre a touché tous les secteurs. L’armement est vieilli, les programmes d’entraînement retardés, les unités sous-équipées, le budget réduit .On est encore très loin  des 50 milliards prévus par NSC-68…

C’est dans ce contexte qu’à l’aube du 25 juin 1950 les canons Nord-Coréens commencent à cracher le feu. Le barrage d’artillerie est dévastateur et l’armée Nord –Coréenne balaie en quelques heures les faibles forces du régime de Syngman Rhee. Les forces de Kim Il Sung  passent le 38° parallèle et entrent en Corée du Sud.

Les jours qui vont suivre pèseront lourd dans l’Histoire. Le 25 juin, le Conseil de Sécurité des
Nations Unis, en l’absence du délégué russe Yakov Malik, qui boycotte la séance, condamnent l’agression Nord-Coréenne. Le 27 juin, le général Douglas MacArthur, commandant des forces américaines au Japon, reçoit l’ordre de soutenir les forces Sud-Coréennes avec des forces aériennes et navales. Les citoyens américains sont évacués de Corée et la 7-ème Flotte croise au large de Formose. Cette dernière mesure vise autant de prévénir une attaque communiste contre la Chine que d’empêcher Chang Kai Chek de débarquer sur le continent chinois et de recommencer sa guerre contre Mao Tse Tung….Ce n’est vraiment pas le moment…

Le même jour, le 27 juin 1950 , le Conseil de Sécurité prendra une résolution historique, toujours en absence du délégué russe (qui ne sera, donc, pas en  mesure d’y opposer son véto !!). Cette résolution appelle tous les membres des Nations Unies à repousser l’agression Nord Coréenne et de rétablir, par TOUS LES MOYENS à leur disposition la paix dans la péninsule coréenne.

Le 28 juin les troupes Nord-Coréennes pénètrent dans Séoul et le 30 juin le Président Harry Truman autorise donc, sans consultation préalable du Congrès (mais avec son approbation ultérieure) l’intervention des forces terrestres américaines  sur le sol coréen.

Lorsque la crise coréenne éclate les deux composantes de la personnalité de Truman entrent en conflit : d’un côté la détermination, de l’autre côté la prudence. D’une part Truman tremble à l’idée que la  Corée ne soit qu’une diversion et qu’un conflit avec les communistes puisse éclater ailleurs, en Asie ou en Europe, en ce moment si inopportun pour l’Amérique affaiblie sur le plan militaire. Son premier souci est, donc, de prévenir une conflagration mondiale à propos de la Corée. A la question des journalistes « Monsieur le Préddent, sommes-nous en Guerre ? » Truman répond qu’il s’agit seulement d’une SIMPLE OPERATION DE POLICE destinée à repousser un tas de bandits communistes…
La Guerre de Corée est la première guerre onusienne de l’Histoire. Le très égocentrique, voire
égomaniaque héros de la Guerre du Pacifique, Douglas MacArthur, qui se comporte au Japon tel un
Shogun, prendra la tête des forces américano-onusiennes qui débarqueront sur le sol coréen dès juillet 1950. Des forces canadiennes, turques, anglaises, néerlandaises, grecques,colombiennes vont se joindre aux troupes américaines stationnées au Japon. Ces soldats haïssent la Corée. Ils haïssent sa chaleur, l’odeur des engrais humains qui couvrent les champs… Les américains n’ont qu’une idée en tête : que cette « Opéraion de Police » finisse vite, qu’on soit de retour au pays à Noël. (Home by Christmas…) Dans leur pires rêves ils n’imaginent l’enfer qui les attend : un enfer de trois ans et le monde au bord d’une troisième guerre mondiale.

Fin de la deuxième partie. Cette série va comporter 6 articles.Prochain article: Le début de la
mésentente entre le Président Truman et le Général  MacArthur!


Je vous recommande la lecture du livre de Sir Max Hastings , « The Korean War », paru chez Pan Books en 1987 ainsi que la consultation du numéro de mars 2013 de la revue l’Histoire.Je vous reccomande aussi la lecture des mémoires de George F Kennan, "Memoirs, 1925-1950",,parus chez Little et Brown en 1967 ou en paperback chez Bantam 1969: absolument superbe! Un must pour celui qui s'interesse a l'histoire diplomatique américaine!

Elisheva Guggenheim-Mohosh

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