Et c’est ici que le bât blesse. Il n’y a pas de réelle
identité de vue entre le Président Truman et son commandant en
Extrème-Orient au sujet des objectifs
fondamentaux de l’intervention américano-onusienne en Corée. Le Président
Truman veut contrer l’expansionnisme
russe en
repoussant l’ennemi. Mac Arthur, lui, veut anéantir l’ennemi
.Pour ce faire , il est prêt de porter
la guerre au-delà de la frontière coréenne, sur terre chinoise. Ou russe, s’il
le faut.
N’a-t-il pas défini le 26 août 1950, dans un discours devant
les anciens combattants, la ligne de défense des Etats-Unis comme « une ligne allant de
Vladivostok à Singapour » ? N’a-t-il pas déclaré que « seule la
maîtrise de cette ligne de défense fera de l’Océan Pacifique un Lac
Paisible » (a Peaceful Lake…) ?
Bien sûr, devant le tollé déclenché à Washington MacArthur
se rétracte….D’ailleurs, en bon soldat discipliné, ne se rétracte-t-il pas
toujours ? Il retire donc tout ce qu’il a dit. Chaque mot
prononcé….APRES leur publication par les journaux.
Truman fulmine et rêve. Faute de pouvoir baîlloner son
général encombrant, il rêve de pouvoir le congédier… Un jour….Mais pas
maintenant. Pas après la grande victoire du Port d’Inchon, le 15 septembre
1950.
Pour le moment, il s’agit d’aller au devant de MacArthur chez lui, dans son fief du Pacifique. La rencontre Truman-MacArthur a lieu le
15 octobre 1950, sur l’île de Wake. Curieusement, on parle peu du conflit
coréen, considéré comme étant- plus ou moins- terminé… On parle du plan de la
reconstruction de la Corée en ruines, on parle de l’amélioration du traité de
paix avec le Japon, on parle du Pacifique en général. On parle même dune
possibilité de redéploiement des troupes ayant combattu en Corée : en
Europe, ou ailleurs.
Les craintes du Président Truman à propos d’une éventuelle
intervention chinoise ? MacArthur les balaie d’un geste de la main. C’est
vrai, le premier octobre 1950 le Premier ministre chinois Chu En Lai a convoqué
l’ambassadeur indien et lui a annoncé en termes très clairs que si les forces
Sud-Coréennes et américano-onusiennes traversent le 38° parallèle, la Chine
entrera dans le conflit. Egalement vrai : New Delhi a transmis ce message
à toutes les capitales du monde, Washington en tête. Vrai aussi : les
services de renseignement alliés ont averti MacArthur des concentrations
suspectes de troupes chinoises en Mandchurie. Mais MacArthur ne croit pas à une
intervention chinoise dans le conflit. Ou alors quelques dizaines de milliers
d’hommes, peut-être…
Au moment où le général Douglas MacArthur parle ainsi, près
d’un quart de million de soldats chinois ont déjà traversé la rivière Yalu et
se cachent, disséminés dans les collines Nord-Coréennes. Plus d’un million
d’autres soldats chinois se tiennent près sur la rive chinoise du fleuve.
Fin de la troisième partie.
Elisheva Guggenheim-Mohosh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire