samedi 21 juin 2014
La guerre de Corée, sixième partie: La guerre de Eisenhower.
L’onde de choc causée par le limogeage de Douglas MacArthur traverse le continent américain, puis l’Océan Pacifique, pour frapper en plein fout le Japon. Les Japonais, leur empereur en tête, sont douloureusement touchés par la décision de Washington. Sentant l’humiliation terrible de son ancien ennemi, l’empereur Hirohito prend une décision sans précédent : il se rend à la résidence de MacArthur et lui dit adieu en l’accompagnant à sa voiture. A l’aéroport de Tokyo une foule d’un million de japonais acclame le général américain en disgrâce.
A son atterrissage à San Francisco, la nuit, une foule en délire l’accueille .Et la scène se répète à chaque escale, jusqu’à Washington puis à New York, où une foule estimée à sept million de personnes l’acclame ! Truman et le Parti démocrate tremblent : serait-il candidat aux élections prochaines ? Et les gagnera-t-il ?
Mais ce sera un autre général couvert de gloire qui gagnera, au nom du Parti Républicain, les élections présidentielles de novembre 1952 : le général Dwight Einsenhower. Le général Douglas MacArthur disparaîtra de l’arène politique avec cette phrase qui restera, elle, dans l’Histoire : « OLD SOLDIERS NEVER DIE. THEY JUST FADE AWAY »(Les vieux soldats ne meurent jamais : ils s’effacent).
Avec le départ de Douglas MacArthur un vent de soulagement souffle dans les chancelleries européennes et dans les couloirs des Nations Unies. Le danger d’une « guerre à outrance », « une guerre totale », « une déflagration mondiale », « un holocauste nucléaire » s’éloigne. Mais la guerre de Corée, une guerre de positions, une guerre d’usure, la guerre pour gagner une colline par-ci, pour « Pork Chop Hill » ou pour « Heartbreak Ridge », des coins de terre sans véritable importance stratégique, chèrement conquis et sans explication abandonnés, va se poursuivre encore deux années. Et ces deux années de combat vont être parmi les plus stupidement, les plus inutilement meurtrières dans l’histoire des guerres modernes.
Les soldats ne comprennent plus le but de leur combat. Leurs commandants ne savent pas quels sont les véritables objectifs de cette guerre. Les troupes américano-onusiennes haïssent la Corée, son climat aux températures extrêmes, l’odeur des champs fertilisés avec des excréments humains…Ils haïssent aussi les Coréens. Ils les appellent « gooks » (bridés). (Tout ceci ne vous « rappelle » rien ? La Guerre du Vietnam, peut-être ?)
L’opinion publique mondiale les oublie .C’est une guerre à la fois meurtrière et oubliée. Tout le monde serait ravi d’en finir, d’oublier le rêve impossible d’une libération de toute la péninsule coréenne de la domination communiste. Tout ce que l’on veut c’est rétablir le status quo ante. Le status quo d’avant le 25 juin 1950…Or, c’est pratiquement chose faite ! Déjà en printemps 1951 Séoul est libérée à nouveau, et, malgré les offensives communistes extrêmement coûteuses en vies humaines et des contre-offensives onusiennes non moins meurtrières, la ligne de front se situera désormais, grosso modo au nord du 38° parallèle.
En avril 1952 le général Eisenhower entre en scène .Quittant le commandement de l’Otan en Europe, il se présente aux élections présidentielles américaines .Le 23 juin 1951, le délégué soviétique à l’ONU, Yakov Malik, propose un cessez le feu. Des négociations débutent en juillet à Kaesong, s’interrompent pour cause de combats, puis reprennent à Panmunjom. Et durant encore 20 mois, tout en négociant, les hommes vont s’entretuer par milliers, par dizaines de milliers, dans une guerre de tranchées qui n’est pas sans rappeler la Première Guerre mondiale.
Eisenhower prononce dans un discours tenu à Detroit, le 24 octobre 1952 la phrase qui pèsera lourd dans l’Histoire : « I SHALL GO TO KOREA ». J’irai personnellement en Corée pour veiller à ce que cette guerre cesse. 2 semaines après avoir prononcé cette phrase Dwight Eisenhower devient Président des Etats-Unis et le 29 novembre il s’envole vers la Corée.Il visite ses troupes, il visite les MASH, il rend visite au Président sud-coréen Syngman Rhee, homme amère et méfiant, qui sent bien que l’Amérique va abandonner son régime corrompu. Il sent bien qu’on envisage une sort de « Coréanisation du conflit »,un transfert des efforts et des sacrifices vers la Corée du Sud ( semblable à la « vietnamisation » du conflit indochinois, 20 ans plus tard !).
Mais parallèlement à cette intention manifeste de finir les combats, la nouvelle administration américaine sait se faire menaçante .Les négociations à Panmunjom buttent sur la question de l’échange des prisonniers de guerre : les chinois insistent sur le retour de tous les prisonniers chinois et nord-coréens, or 50 000 de ces malheureux refusent catégoriquement de retourner vers les zones sous contrôle communiste. Et les négociateurs des forces alliées refusent de les rapatrier contre leur
volonté. Et la guerre continue, avec la menace américaine de bombarder les territoires au-delà de a sacro-sainte frontière chinoise. (Encore et toujours la rivière Yalu…).Etait-on près d’un bombardement nucléaire de la Chine ? Etait-ce un bluff ? Toujours est-il que les négociations à Panmunjom aboutissent le 27 juillet 1953 :Les Etats-Unis et l’URSS reconnaissent l’existence de deux Corées.
Toutes ces destructions, ces millions de morts,(Chinois, Coréens, Américains, Britanniques,
Grecs, Turcs, Colombiens....) pour revenir à la case départ : deux pays-frères séparés
par le 38° parallèle....Et en héritage, une tension permanente, latente ou aiguë , qui peut, en tout moment, dégénérer en conflit ouvert, éventuellement nucléaire ...
Fin de la série consacrée à la Guerre de Corée .(Attention: à cause d'une erreur de manipulation,
la première partie de cette série -"La guerre de Corée: une guerre presqu'oubliée..." va
maintenant suivre)
Elisheva Guggenheim-Mohosh
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