vendredi 20 juin 2014

La guerre de Corée, première partie: Une guerre presqu'oubliée...

     

La guerre de Corée : une guerre terriblement meurtrière…une guerre que déjà ses contemporains ont surnommée « The Forgotten War »-la guerre oubliée…Aujourd’hui, alors que le monde regorge de conflits régionaux, plus dangeureux les uns que les autres, et que l’intérêt pour certaines guerres, notamment celles du Proche et Moyen Orient ne cesse de croître, comment se fait-il que la plupart de ceux qui ont moins de quarante ans ne connaissent  la guerre qui a devasté la péninsule coréenne entre 1950 et 1953 autrement qu'à  travers les joyeuses aventures des médecins et des infirmières de la vieille série américaine M.A.S.H. ?

Tant de gens, tant de peuples ont souffert des retombées de ce conflit…Outre les millions de victimes coréennes, civiles et militaires, des centaines de milliers de chinois, des dizaines de milliers d’américains, de britanniques, d’australiens, mais aussi des canadiens et des français, des belges, des turcs et des éthiopéens, des thailandais et des colombiens y ont perdu la vie… Le monde a échappé de justesse à une guerre nucléaire pour sombrer, durant plus de 30 ans, dans la Guerre Froide…Tant de moments dramatiques ont jalonné les trois années qu’a duré la guerre de Corée, tant de grands personnages historiques en ont été les acteurs directs ou indirects, que l’ignorance et l’oubli nous paraissent incompréhensibles. Incompréhensibles ils le sont aussi pour les historiens, historiens qui voient dans la guerre de Corée un conflit qui préfigure déjà la guerre de Vietnam…Max Hastings, un des meilleurs spécialistes de la question dit, que si l’on avait retenu certaines leçons de la Corée, la guerre de Vietnam n’aurait pas été le désastre que l’on sait .En tout cas, il y a de nombreux points de similitude entre les deux grands conflits de la Guerre Froide, et d'abord le désenchantement des combattants sur le terrain et la réticence des opinions publiques occidentales qui ne fait qu'augmenter avec le temps.

Peu de pays asiatiques sont aussi homogènes sur le plan ethnique et linguistique que la Corée. Peu de peuples tellement unis à l’origine ont été déchirés par lahaine pour une période aussi longue.
La Corée fut toujours au centre d’une lutte d’influence entre ses puissants voisins :la Chine et le Japon. Occupée en 1910 par les japonais, elle subira le joug de l’envahisseur durant 35 ans, jusqu’à la défaite de l ‘Empire du Soleil Levant devant les Alliés. En 1943, en pleine guerre, les représentants des Etats Unis, de la Grande Bretagne et de la Chine se mettent d’accord au Caire sur le principe selon lequel, lors de la victoire des Alliès, la Corée deviendra un pays libre et indépendant. Lors de la Conférence de Yalta, dans le cadre de leur promesse d’attaquer les japonais trois mois après la défaite allemande, les russes acceptent aussi l’idée de l’indépendence coréenne.

Tenant à la lettre sa promesse, somme tout génante, Staline attaque la Mandchourie le 8 août 1945, deux jours après Hiroshima, un jour avant Nagasaki… Par cette intervention tardive, l’URSS entre dans le club des pays vainqueurs de Guerre du Pacifique. Ses représentants sont là, fiers, ensemble avec les délégués des Nations Alliées,au bord de l’USS Missouri, le 2 septembre 1945, lors de la signature de l’acte de capitulatuion du Japon.Une division russe, venant de Mandchourie sera en Corée, en même temps qu’une division de l’armée américaine, pour recevoir la réddition de l’Armée japonaise, pour désarmer les soldats japonais vaincus et pour les repatrier dansleur pays. Pour simplifier la répartition des tâches entre les alliés, russes et américains,on fixe une ligne de démarcation entre leurs secteurs respectifs. Cette ligne passe par le 38-ème parallèle.
Mais ce que les américains considèrent comme une simple ligne de démarcation,devient pour les russes une ligne de partition. L’Armée soviétique impose des limitations de plus en plus sévères au passage de leur secteur vers le secteur américain. Ils coupent même les lignes éléctriques qui passent à travers le 38° parallèle.

La Corée se trouve ainsi divisée de facto en deux entités. Celle du Nord, pro -communiste,
hermétiquement fermée, et celle du Sud, pro-occidentale, sous l’administration des
forces d’occupation américaines.

Les Etats Unis soumettent la question de la réunification des deux Corées aux Nations
Unies. Celles-ci créent une commission spéciale chargée d’organiser des éléctions
générales en 1948.Cette commission n’aura jamais le droit de mettre les pieds en Corée
du Nord. La Corée du Sud se constitue, en août 48, en République de Corée, sous la
direction d’un politicien âgé, aux tendances despotiques marquées, le docteur
Syngman Rhee. Quelques semaines plus tard, la République Populaire Nord Coréenne
est proclamée. A sa tête le très lumineux et très peu démocratique camarade Kim
Il Sung…La rupture entre les deux parties du Pays du Matin Calme est consommée…

Fin de la première partie (la série comprend six articles. Prochain article: "une simple opération de police?")
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Ces articles sont tirés de mes émissions sur RSR Espace2(Radio-TV Suisse).
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Je vous recommande de visionner sur You Tube la magnifique série "Histoire de comprendre"
 avec la participation très brillante d'Alexandre Adler et la lecture du livre de Max Hastings:
 "The Korean War" paru chez Pan Books à Londres, en 1988.Le livre de Hastings
 est certainement un des meilleurs ouvrages jamais consacrés à ce conflit.

Elisheva Guggenheim- Mohosh

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