Dans notre précédent article nous avons vu la genèse de la
mésentente entre le Président Truman et son
subordonné têtu et egocentrique, le général Douglas MacArthur. MacArthur
balaie d’un geste de la main les craintes de Truman concernant la possibilité
d’une intervention chinoise dans le conflit coréen. Il estime que si
intervention il y a, elle se limitera à quelques dizaines de milliers de
soldats…
Au moment où
MacArthur parle ainsi (fin 1950) près d’un quart de million de soldats chinois
ont déjà traversé la rivière Yalu (la frontière entre la Corée du Nord et la
Chine), et se cachent,
disséminés, dans les collines et les montagnes Nord-Coréens.
Près d’un million d’autres se tiennent prêts à intervenir, sur la rive chinoise
du fleuve.
A 20 000 kilomètres plus loin, à Washington, le Pentagon se
range à l’avis de MacArthur, en qualifiant les menaces, pourtant très
clairement exprimées, du Premier ministre chinois, Chu En Lai, de « bluff
communiste ».Les troupes américano-onusiennes poursuivent les combats sur tout le territoire Nord-Coréen et
chassent l’ennemi jusqu’à la frontière mandchourienne. L’ordre donné est de
nettoyer toute la péninsule coréenne des agresseurs communistes. Néanmoins,
Washington impose une interdiction formelle de traverser la frontière chinoise,
que ce soit par la voie terrestre ou
aérienne ! Même les vols de reconnaissance au dessus de la rivière Yalu
sont interdites.
Comme les aveugles dans
un tableau de Pieter Breughel, les troupes de l’ONU avancent…Le paysage
est désolé, le pays inhospitalier. L’hiver coréen approche. L’ennemi chinois
qui se cache dans les collines sait tout des mouvements des troupes alliées.
Les alliées ignorent jusqu’à l’existence de l’ennemi chinois…
Début novembre c’est le choc. Des vagues de soldats chinois
déferlent sur une unité américaine
coupée de ses arrières. Même le Pentagon doit se rendre à l’évidence.
MacArthur s’est trompé. On est en face d’une attaque massive. On est en face d’un
ennemi nouveau et d’une guerre nouvelle : une guerre avec la Chine. La
Chine avec ses étendues infinies et ses ressources humaines inépuisables. Et
reconnaître enfin que les « Boys » ne seront pas chez eux pour Noël.
(« Home by Christmas »…) Que cette guerre sera très longue.
Dès le 6 novembre
MacArthur, très alarmé, demande la levée de l’interdiction de
bombarder la rivière Yalu. On lui donne
donc la permission de bombarder les ponts de la rivière Yalu pour interrompre
le flux d’hommes et de matériel provenant de Mandchourie. Mais on lui interdit
strictement d’atteindre des objectifs se trouvant de l’autre côté du fleuve,
sur la rive chinoise, notamment les barrages et les installations hydrauliques.
Malgré cette limitation, le 24 novembre 1950 les forces chinoises déclenchent
une offensive terrible. Les forces des Nations Unies reculent. Les unités de
l’armée Turque protègent leur retraite avec un courage exemplaire et subissent des pertes
considérables.
Côté américain la Première division des Marines est encerclée et doit être évacuée par mer.
Lorsqu’on lui fait remarquer que les Marines reculent, le général Oliver Smith,
dans un accès d’humour noir, s’écrie « RETREAT HELL !... I’m just
attacking in another direction !! » (Comment ça je recule ? Je
ne fais qu’attaquer dans une autre direction…) « Retreat Hell » est
devenu une phrase aussi célèbre que le
le fameux « Nuts !!! » (foutaises..) prononcé par le
général américain McAuliffe en 1944, durant la Bataille des Ardennes, lorsque
les Allemands lui ont demandé de
capituler avec ses forces encerclées à Bastogne.
Fin de la quatrième partie .Prochain article :
Truman-MacArthur, le choc final.
Je vous propose de voir le très bon film de Mark Robson ,
Les Ponts de Toko-Ri, (1954) avec une distribution très brillante :
William Holden, Grace Kelly, Mickey Rooney, Fredric March.
Film basé sur le
roman de James Michener, avec d’images de combat remarquables et une réfléxion
très désabusée et lucide sur cette Guerre de Corée, que déjà ses contemporains
ont surnommée « The Forgotten War » : La guerre oubliée.
Elisheva Guggenheim-Mohosh
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