samedi 21 juin 2014

La guerre de Corée, quatrième partie:L'hiver terrible....





Dans notre précédent article nous avons vu la genèse de la mésentente entre le Président Truman et son  subordonné têtu et egocentrique, le général Douglas MacArthur. MacArthur balaie d’un geste de la main les craintes de Truman concernant la possibilité d’une intervention chinoise dans le conflit coréen. Il estime que si intervention il y a, elle se limitera à quelques dizaines de milliers de soldats…


Au moment  où MacArthur parle ainsi (fin 1950) près d’un quart de million de soldats chinois ont déjà traversé la rivière Yalu (la frontière entre la Corée du Nord et la Chine), et se cachent,
disséminés, dans les collines et les montagnes Nord-Coréens. Près d’un million d’autres se tiennent prêts à intervenir, sur la rive chinoise du fleuve.

A 20 000 kilomètres plus loin, à Washington, le Pentagon se range à l’avis de MacArthur, en qualifiant les menaces, pourtant très clairement exprimées, du Premier ministre chinois, Chu En Lai, de « bluff communiste ».Les troupes américano-onusiennes poursuivent les combats  sur tout le territoire Nord-Coréen et chassent l’ennemi jusqu’à la frontière mandchourienne. L’ordre donné est de nettoyer toute la péninsule coréenne des agresseurs communistes. Néanmoins, Washington impose une interdiction formelle de traverser la frontière chinoise, que  ce soit par la voie terrestre ou aérienne ! Même les vols de reconnaissance au dessus de la rivière Yalu sont interdites.

Comme les aveugles dans  un tableau de Pieter Breughel, les troupes de l’ONU avancent…Le paysage est désolé, le pays inhospitalier. L’hiver coréen approche. L’ennemi chinois qui se cache dans les collines sait tout des mouvements des troupes alliées. Les alliées ignorent jusqu’à l’existence de l’ennemi chinois…

Début novembre c’est le choc. Des vagues de soldats chinois déferlent sur une unité américaine  coupée de ses arrières. Même le Pentagon doit se rendre à l’évidence. MacArthur s’est trompé. On est en face d’une attaque massive. On est en face d’un ennemi nouveau et d’une guerre nouvelle : une guerre avec la Chine. La Chine avec ses étendues infinies et ses ressources humaines inépuisables. Et reconnaître enfin que les « Boys » ne seront pas chez eux pour Noël. (« Home by Christmas »…) Que cette guerre sera très longue.

Dès le 6 novembre  MacArthur, très alarmé, demande la levée de l’interdiction de bombarder  la rivière Yalu. On lui donne donc la permission de bombarder les ponts de la rivière Yalu pour interrompre le flux d’hommes et de matériel provenant de Mandchourie. Mais on lui interdit strictement d’atteindre des objectifs se trouvant de l’autre côté du fleuve, sur la rive chinoise, notamment les barrages et les installations hydrauliques. Malgré cette limitation, le 24 novembre 1950 les forces chinoises déclenchent une offensive terrible. Les forces des Nations Unies reculent. Les unités de l’armée Turque protègent leur retraite avec un courage  exemplaire et subissent des pertes considérables.

Côté américain la Première division des Marines  est encerclée et doit être évacuée par mer. Lorsqu’on lui fait remarquer que les Marines reculent, le général Oliver Smith, dans un accès d’humour noir, s’écrie « RETREAT HELL !... I’m just attacking in another direction !! » (Comment ça je recule ? Je ne fais qu’attaquer dans une autre direction…) « Retreat Hell » est devenu une phrase aussi célèbre que le  le fameux « Nuts !!! » (foutaises..) prononcé par le général américain McAuliffe en 1944, durant la Bataille des Ardennes, lorsque les  Allemands lui ont demandé de capituler avec ses forces encerclées à Bastogne.

Fin de la quatrième partie .Prochain article : Truman-MacArthur, le choc final.

Je vous propose de voir le très bon film de Mark Robson , Les Ponts de Toko-Ri, (1954) avec une distribution très brillante : William Holden, Grace Kelly, Mickey Rooney, Fredric March.
Film basé  sur le roman de James Michener, avec d’images de combat remarquables et une réfléxion très désabusée et lucide sur cette Guerre de Corée, que déjà ses contemporains ont surnommée « The Forgotten War » : La guerre oubliée.

Elisheva Guggenheim-Mohosh




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire